Choisir la bonne cassette pour l’ultra-cyclisme, c’est garantir un pédalage fluide sur des dizaines d’heures, sans exploser ses jambes ni son mental. Ce guide détaille les options les plus judicieuses pour optimiser votre transmission en bikepacking ou en course longue distance. À travers une analyse des rapports de vitesses, des ratios critiques et des configurations adaptées à chaque type de cycliste, vous trouverez ici des conseils concrets pour affronter les parcours les plus exigeants.
Pourquoi le choix de la cassette est stratégique
En ultra-distance, le facteur limitant n’est pas la puissance maximale mais la capacité à grimper longtemps en étant déjà fatigué, avec un vélo chargé. Une mauvaise plage de développements vous condamne à pédaler à trop faible cadence, ce qui provoque une fatigue musculaire inutile, augmente le risque de blessure et brise la fluidité du pédalage. Au fil des heures, cette inefficacité finit par coûter cher en énergie et en moral. Un bon étagement permet de maintenir un rythme régulier, clé de toute performance ou survie sur les longues distances.
Ratio minimal recommandé : quelle est la bonne limite ?

Calcul du braquet minimal
Prenons un cas typique : un cycliste pesant 85 kg, avec vélo et bagages inclus, capable de développer entre 180 et 200 watts sur une pente de 10 %, à plus de 1500 m d’altitude. Dans ces conditions, la vitesse grimpe rarement au-delà de 7 km/h. Pour maintenir une cadence minimale de 60 tours par minute, il faut un rapport de transmission inférieur à 0,92:1.
Recommandation
Dans la majorité des cas, un ratio compris entre 0,8:1 et 0,9:1 est préférable. Cela permet de préserver une cadence fluide même dans les pires scénarios : fin d’étape, forte pente, bagages lourds. Certains cyclistes légers ou peu puissants peuvent même viser un rapport encore plus court, de l’ordre de 0,7:1, pour éviter de poser pied à terre.
Quelle cassette pour atteindre ces ratios ?
Les meilleures cassettes 11 vitesses pour l’ultra-distance
Voici un tableau des cassettes les plus courantes, avec leurs plages de développement, leur compatibilité et la finesse des passages entre les vitesses. Le choix dépend de votre pédalier, de votre tolérance aux grands sauts de cadence et de votre dérailleur arrière.
| Cassette | Plage (%) | Plus grand pignon | Sauts >15% | Compatibilité |
|---|---|---|---|---|
| Shimano 11-34 | 309 % | 34 | 2 | Sh/SR 10+11 |
| Shimano 11-36 | 327 % | 36 | 2 | Sh/SR 11 |
| SRAM 11-42 | 382 % | 42 | 4 | Sh/SR 10+11 |
| KCNC 11-38 | 345 % | 38 | 4 | Sh/SR 11 |
Plus le grand pignon est large, plus vous pourrez grimper lentement sans solliciter exagérément vos muscles. Attention toutefois à l’espacement entre les vitesses qui peut nuire à la régularité de pédalage.
Les meilleures cassettes 12 vitesses
Les cassettes 12 vitesses offrent une plage encore plus large, mais attention aux compatibilités spécifiques (corps de roue libre, dérailleur, chaîne).

Un ratio trop court permet de tourner les jambes facilement même dans les pentes les plus raides. Mais il faut veiller à ne pas avoir des écarts de cadence trop brutaux entre les vitesses, ce qui peut gêner sur terrain vallonné.
PRODUIT
Monoplateau ou double plateau ?
Monoplateau
Le monoplateau séduit par sa simplicité : moins de composants, moins de maintenance, moins de risques de déraillement. En gravel ou en VTT, c’est une option logique. Mais pour la route, surtout avec des dénivelés variés, le monoplateau oblige souvent à choisir entre :
- une plage suffisante, mais avec de grands écarts
- ou des transitions douces, mais une plage trop étroite
Dans les faits, beaucoup de cyclistes se retrouvent à court de braquet dans les montées ou à mouliner trop vite dans les descentes.
Double plateau (recommandé)
Le double plateau reste la solution la plus équilibrée. Il permet d’obtenir à la fois :
- une large gamme de développements (de 0,7:1 à 4:1 par exemple)
- des transitions plus fluides entre les vitesses
Le léger surpoids d’environ 200 g n’a aucun impact significatif sur les performances globales. En ultra-distance, il vaut mieux garantir des braquets adaptés que gagner quelques grammes.
Configuration recommandée : pédalier 46/30 ou 48/32, couplé à une cassette 11-36 ou 10-36.
Conseils pratiques pour bien choisir
Avant d’investir dans une nouvelle cassette ou un nouveau pédalier, voici quelques conseils à appliquer :
- Compatibilité : assurez-vous que votre dérailleur peut gérer le grand pignon visé. En général, un dérailleur route tolère jusqu’à 34 ou 36 dents. Au-delà, il faut souvent passer en GRX ou VTT.
- Chaîne : si vous augmentez le nombre de dents du grand pignon, ajoutez au moins deux maillons à votre chaîne.
- Tests terrain : simulez une montée longue de 10 minutes à 8 %, avec sacoches. Si vous moulinez difficilement à 60 rpm, vous êtes trop haut en braquet.
- Sauts de vitesses : préférez des cassettes avec peu de sauts >15 %, sauf si vous roulez exclusivement sur terrains irréguliers.
Setup recommandés
1. Setup classique double plateau route (polyvalent)
- Pédalier : 50/34
- Cassette : 11-34
- Ratio mini : 1:1 (suffisant pour les parcours roulants, limite pour la montagne)
2. Setup gravel/endurance optimisé
- Pédalier : 46/30
- Cassette : 11-36 ou 12-36 custom
- Ratio mini : 0,83:1
- Convient pour les profils mixtes avec forts pourcentages ponctuels
3. Setup ultra montagne / débutant
- Pédalier : 43/30
- Cassette : 10-36 ou 10-44
- Ratio mini : 0,68:1 à 0,72:1
- Idéal pour les cols longs, les charges lourdes ou les cyclistes peu puissants
Une cassette bien choisie permet de préserver ses jambes, son moral et d’atteindre les cols sans exploser. Plutôt que de chercher la performance absolue, visez la régularité et le confort. En ultra-distance, c’est le rythme qui gagne. Un ratio trop long vous forcera à marcher. Un ratio trop court ne vous pénalisera jamais.
Et vous, quel est votre braquet de secours pour les pentes à 15 % après 800 km ?
